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Espace

Nous tissons l’espace qui nous tisse, nous tissons le temps qui nous tisse, nous tissons la matière qui nous tisse, et ainsi de l’esprit, de la lumière, de l’énergie, de tout ce qui dans le réel nous fait être corps pensant, et que dans la danse nous incarnons car l’humanité entière danse et se pense. Ce tissage est rendu conscient dans la danse, il est déconstruit, compris, puis recomposé, pour produire une écriture singulière faite de la lecture des acteurs de la danse. Ce tissage de la matière par l’esprit, de l’esprit par la matière est proprement humain. Espace, spatium , signifie étendue, nous sommes une étendue pris en une autre étendue, etc. Le corps est spacieux. Et distance. La danse instaure une distance entre le corps et son mouvement. Une conscience du corps se fait jour dans cette distance. Une conscience des étendues qui nous fondent. Même dans l’improvisation le mouvement n’est pas spontané, il est réfléchi, fut-ce sans conscience de l’esprit, réfléchi par la con

Poétique de la raison biblique

Poétique de la raison biblique , Anne Laure Guichard, Chemins de pensée, Éditions Ovadia, Nice, 2016. Livre paru en Avril 2016 et disponible en précommande avant sa sortie officielle sur le site des éditions: http://www. leseditionsovadia.com/a- paraitre/203-poetique-de-la- raison-biblique.html Poétique de la raison biblique est un regard résolument philosophique porté sur le texte biblique et son influence sur notre pensée contemporaine, en regard d’une tradition qui ne se donne pas si aisément dans la langue française, mais dont la transmission s’est de fait opérée, sous le boisseau, dans l’histoire de la pensée occidentale, et qui opère encore aujourd’hui dans les champs de la psychanalyse et de la philosophie. Table des matières: Livre I Récits et Origines Questions et questionnement Le questionnement divin L’interrogation d’Adam La question de Caïn La question de Pharaon Engager la philosophie Le socle L’interrogation philosophique L’effacement de toute vie, p

Métadanse

Extrait des Cahiers de l'incarnat : La danse est une conception, et le danseur, une construction. L’espace du danser est cet espace où ce que l’’humain est en capacité de penser du monde devient le monde lui-même, à travers une parole portée par son corps. La danse est une méta-pensée du corps, une pensée incarnée sur la pensée même du corps. La construction du danseur tient en cela, se construire soi-même comme espace propre à incarner la pensée du corps, ses affects, ses émotions, ses réflexions, et bien sûr, si Nikolais avait raison de dire qu’il ne faut pas l’être soi-même mais l’incarner, comme un rôle de théâtre dansé, il faut cependant y croire et le devenir suffisamment pour que cela fasse sens pour autrui, et qu’on y reconnaisse le sens donné au mouvement. Il y a les danses qui ne dansent pas, celles qui dansent, ou se dansent, mais il y a aussi les danses qui dansent la danse, comme une réflexion de la danse sur elle-même, et c’est là que la danse entre de plein

A paraître II

Parfois troublée d'un autre . Le livre de la lenteur , bientôt publié aux éditions de l’œuf sauvage, c'est Claude Roffat qui en parle le mieux dans sa préface du livre: Parfois troublée d’un autre . Et souvent troublée de soi, aurais-je envie d’écrire, tant ce qui apparaît, tout au long de ces pages, est le questionnement, le doute, la continuelle recherche de son rapport au monde. Qui suis-je ? , se  demande Anne-Laure Guichard, éludant à peine l’idée de n’être rien, évoquant le vide absolu dans lequel elle doit vivre. La solitude, le silence fondent le décor d’une vie à peine dévoilée. Pourtant, de ce champ de ruines, de ce no man’s land où Anne-Laure se désespère, attend sans cesse qu’il se passe enfin quelque chose, va naître une œuvre singulière, dérangeante, qui en sera à la fois le témoin et l’objet. Écrire pour dire le rien, le non-avenu tient de la gageure. C’est pourtant ce qui est donné à lire ici, par une double écriture : une écriture instinctive, sauvage, u

Soulages, détail de peinture

On pourrait presque dire extraits du dialogue que Soulages tient avec le noir. L’absorption de toute lumière se fait matière, et cette matière est un corps dense, pesant, comme ce que le corps devient lorsqu’il fait du taiji, cette lourdeur de la matière qui enracine le corps dans la terre est paradoxalement ce qui en fait jaillir la lumière, le plus étrange, c’est qu’à la lumière même naturelle le noir devient gris, argenté. L’amas de noi r déracine le noir, Soulages parle de noir lumière, la lumière de l’obscur, de ce qui s’absorbe en soi, et s’engloutit dans le regard de l’autre, comme si Soulages voulait que son dialogue avec le secret soit le nôtre, à nous qui le regardons simplement parler du noir comme d’une porte vers l’inconnu, l’insu, l’impensé. Et le travail de la matière et la manière même dont nous la percevons est, devient un dialogue corps à corps entre soi et sa propre matière.

Le chant de la pensée

L’idée est une chose rare, l’idée est une inspiration de l’instant, l’idée est une chose qui se forge au fil de temps de latence plus ou moins longs. L’écriture, la pensée philosophique n’est pas si aisée qu’elle jaillisse ainsi, à la faveur d’articles courts à proposer au public, la pensée philosophique est une pensée qui mûrit dans le temps, hors du temps chronique, en un temps ontique qui, en tant que présence, s’inscrit dans la durée d’une éternelle présence de la latence dont elle a besoin pour s’exprimer pleinement, se travailler profondément, se peaufiner dans la nuance et la subtilité. J’écris sur la danse, et sur un livre qui traitera des malaises psychiques qui rendent les vies difficiles, mais j’écris aussi mes humeurs littéraires et philosophiques, qui sont comme un journal de travail en philosophie, l’écriture s’éparpille, va tous azimuts rechercher dans le mot, la pensée qui enfin fera l’objet d’un nouveau livre de philosophie. Ma pensée est réellement en crise,

Chant à l'enfant

Chant à l'enfant, en hommage à Charlie Chaplin L’enfant veille le long des taudis de pierre la chair tremblée par le froid l’air vieux déjà le sourire innocent pourtant Le froid n’épouse que la misère et des âmes démunies aux esprits inconscients l’homme danse sa vie en première L’enfant veille quelques cailloux à la main il tente d’ébranler le destin quelques sous parfois la fuite en avant souvent Le temps ne change rien à l’affaire et des âmes démunies aux esprits inconscients l’homme danse sa vie en première L’enfant veille au fond il n’a peur de rien privilège des gens de peu de bien la poche vide et le visage serein La misère n’effraie que les nantis et des âmes démunies aux esprits inconscients l’homme danse sa vie en première L’enfant veille sa joie éblouit le destin il prend dans l’offert les richesses de la vie et son sourire mutin La paix est au cœur que la misère dénude et des âmes démunies aux esprits innocents l’homme danse sa

La main de l'oeil

Ce qui dans le regard touche le monde à l’œuvre. Narrer une œuvre d’art pour une personne qui ne voit pas est une expérience de la perception merveilleuse, elle requiert de regarder l’œuvre avec des doigts au bout des yeux, tandis que rarement le droit nous est donné d’y toucher. Mais comme on y touche par la caresse d’un regard, lorsqu’il s’agit de l’évoquer avec assez de subtilité pour en transmettre le goût à l’autre. Ce que l’œil voit la main le voit aussi, quelle joie de pouvoir toucher une œuvre, son grain, sa peau, sa texture, l’éclat de sa couleur, et les fines marques du temps. Ayant eu à voir, et écouter un Mondrian de près, ce qui m’a saisi au premier chef fut les fines craquelures qui striaient la toile de part en part, faisant que le géométrique ne l’était plus, ni le blanc non plus, par un surcroît de linéaments noirs qui en brisaient la teinte. Raconter la vieillesse d’une toile, conter ses rides et ses sillons, tout en donnant à voir l’intention première de l