On pourrait presque dire
extraits du dialogue que Soulages tient avec le noir. L’absorption de
toute lumière se fait matière, et cette matière est un corps dense,
pesant, comme ce que le corps devient lorsqu’il fait du taiji, cette
lourdeur de la matière qui enracine le corps dans la terre est
paradoxalement ce qui en fait jaillir la lumière, le plus étrange, c’est
qu’à la lumière même naturelle le noir devient gris, argenté. L’amas de
noir déracine le noir, Soulages parle
de noir lumière, la lumière de l’obscur, de ce qui s’absorbe en soi, et
s’engloutit dans le regard de l’autre, comme si Soulages voulait que son
dialogue avec le secret soit le nôtre, à nous qui le regardons
simplement parler du noir comme d’une porte vers l’inconnu, l’insu,
l’impensé. Et le travail de la matière et la manière même dont nous la
percevons est, devient un dialogue corps à corps entre soi et sa propre
matière.
La critique de l’idée de néant proposée par Henri Bergson au début du 20 ème siècle dans L’évolution créatrice et La pensée et le mouvant est au fondement de la constitution de sa conception de l’élan vital et de la pensée en durée en tant que présences émergentes, créatrices et continuées de ce qu’il y a. Sa position conceptuelle est simple et logique : il n’y a pas de néant, si le néant est considéré comme le non être, car non seulement si nous abolissons tout ce qu’il est, nous ne pourrions abolir l’acte de l’esprit par lequel nous abolissons ce qui est, mais qui plus est, ce que nous nommons non être n’est au fond pas autre chose que cet être qu’il y a et dont nous ne voulons pas, ne considérant que l’absence de ce que nous voulons mais qui n’est pas là. Le néant est donc la chose absente haussée, par un déficit de la raison et de l’intelligence, à l’idée d’un non être généralisé et rationnel. Il ne saurait donc y avoir de néant, d’autant rappelle t’il, que la négation par l...
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