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Solstice de Blanca Li II

Souvent les mots coulent en moi comme une rivière, et je n'écris pas si je n'entends pas d'une manière fluide ce qui se voulait dire à travers moi, mais rarement j'ai écrit sous la dictée de ma propre pensée, comme je l'ai fait hier soir, en regardant cette pièce de Blanca Li,  Solstice , où dès le début et jusqu'à la fin le texte s'est écrit sans même que je ne regarde mon petit cahier où se chantait la pièce au fur et à mesure que je la voyais. La pièce est magnifique, et j'espère que mon texte lui rend honneur, mais surtout, j'ai fait l'expérimentation d'une intuition de la danse qui est comme une grâce, que j'ai vécu comme telle, bercée dans l'écriture par la beauté de la danse, des percussions et des chants qui étaient sublimes.  La danse, la musique, la poésie, la pensée nourrissent mieux que tout autre chose, et c'est un plaisir qui engage la vie la plus profonde qui s'écoule en soi le plus souvent comme un silence

Coulée comme une rivière de mots au solstice des temps modernes…

Titre de la pièce : Solstice Chorégraphe : Blanca Li Percussions et chant : Bachir Sanogo Danseurs :   Yacnoy Abreu Alfonso, Rémi Bénard, Sandrine Chapuis, Iris Florentiny, Joseph Gebrael, Genci Hasa, Yann Hervé, Aurore Indaburu, Claire Indaburu, Samir M’Kirech, Gaël Rougegrez, Léa Sélomon, Yui Sugano, Victor Virnot. Feu Terre Eau Air… Le feu scintille, l’eau frissonne, l’air sue, la terre mue. Les volcans en éruption sonnent le glas de la terre, et l’on ne voit danser nul danseur, pris dans le flot d’une roche déchaînée. Le voile se terre, brume ténue sur les flots de l’existence. Entre murs pollués et strates géologiques, ombre chinoise de l’humain qui danse encore la percussion de la vie face à son propre désastre. Ni visibles, ni voilés, les gestes archaïques ramènent nos anciens au lieu de cette humanité mue par la terre, et dans le reflux d’une mémoire ancestrale, lève le voile de la terre. Tempérance… La gente humaine est toujours bavarde qui scande au so

Incessamment sous peu...

Incessamment sous peu... La parution du livre les miroirs de l'être Dernières relectures avant la publication... Et en relisant ce texte j'ai eu la surprise de constater que je ne le connaissais pas réellement, tant la lecture que l'on fait pour soi n'a rien de comparable avec la lecture que l'on fait pour l'autre. L'esthétique du presque rien traite de manière poétique ce presque rien qui agite les sciences, les arts, et la philosophie, comme l'émergence de la pensée même. L'aïsthésie du vide traite de la danse contemporaine, qui actualise le vide comme le fond de l'être d'où elle jaillit. En ayant de nombreuses accointances avec des notions qui ont cours depuis des millénaires en orient. Être:Rien traite du vide dans les représentations du monde, physiques et métaphysiques, et fait communier toutes les pensées vers la même chose: ce que nous sommes vraiment. Les trois essais se répondent les uns les autres, mais jusqu'à cette r

Danse et société: un engagement vital...

Il y a des êtres qui s’engagent dans la danse. Il y a deux vies qui ne sont qu’une, l’une est la vie sociétale, et l’autre est la vie, comme ce qui traverse le vivant, les deux sont aussi importantes. Lorsque Isadora Duncan invente la danse libre, un nouveau langage du corps, elle est révolutionnaire, lorsque Hillel Kogan invente les gestes pour montrer ce qu’il ne pourra jamais dire, c’est très impactant, et lorsque Mitia Fedotenko danse la passion de deux génies, dans un monde où le génie se meure que d’être empêché d’exister, c’est un appel à la vie qui est aussi urgent et important que la voix qui l’appelle, dans cette pièce, entre autres... Il y a certainement beaucoup de perte en danse, comme partout ailleurs, mais il y a aussi de très belles niches, où des choses se disent et se font qui resteront comme ce qui a marqué notre époque. Il y a pourtant un fait que l’on ne peut ne pas remarquer : la danse est prise dans le vide du sens actuel du corps, de la pensée et de l’existe

Que signifie danser?

Que signifie danser ? C’est ailleurs, dans des livres qui ne parlent pas de danse, que l’on trouve les meilleures approches qui peuvent faire comprendre ce que danser veut dire. La question paraît sans valeur, tant la réponse semble évidente, mais en réalité, qu’est-ce que le danser, que fait-on lorsque l’on danse, et pourquoi l’humain danse t’il depuis l’aube des temps, est-ce seulement une célébration de la vie et du sacré ? Danser est un travail sur l’énergie, la matière, l’espace, le temps, la dynamique, la forme et le sens, et toutes les définitions que j’ai trouvé la renvoient au fait de se mouvoir, mais alors, qu’est-ce que le mouvement. C’est dans les ‘‘hiéroglyphes’’ archaïques de la vieille Europe que l’on trouve les symboles représentant au mieux le mouvement : la spirale, le serpent, le tourbillon, que l’on retrouve dansé encore aujourd’hui dans les danses sacrées  profanes  ou actuelles  de tous les pays du monde, tout comme l’idée de faire une chaîne, dans l’origine sa

Ode à la danse, ode au ma

Il est des concepts qui sont des concepts incarnés, dans leur acception conceptuelle, ils sont ‘prise’ sur le réel qu’ils abstraient de l’ordinaire, mais sous leur forme incarnée, ils n’ont prise sur rien d’autre que la condition essentielle de l’humain qui ne les a forgés que de les reconnaître en lui comme les constituants fondamentaux de son être au monde. Ces concepts, incarnés, recueillent l’humalité, si je puis dire, que l’on pourrait définir en philosophie comme le mode humain d’être au monde, sa manière d’être et ce qui la caractérise. Lorsque j’ai écrit L’aïsthésie du vide , j’avais très peu de références sur l’espace japonais, je connaissais Augustin Berque, mais j’ai manqué son article dans lequel il définit le ma comme ‘‘l’interstice de la porte à deux battants par où filtre un rai lumière’’ [1] qui fut publié sans que je le sache au moment même où j’écrivais. Ainsi le ma n’était pas seulement une notion de l’espace temps japonais, un intervalle, certes, mais

Temps

Nous pourrions aborder la question du temps de la même manière que nous avons approché la notion d’espace : face à toute tentative de définition, le temps échappe, et nous place face à une inconnaissance édifiante. Être : Rien : Temps, c’est Martin Heidegger qui dit cela dans les séminaires du Thor , et dans temps et être , et plus exactement dans les concepts fondamentaux , il dit que l’être n’est que vide, que l’être le même et le rien sont identifiables, et qu’être est temps. A partir de ceci, la danse prend toute son ampleur, car le temps y est l’un des concepts les plus importants, et le temps n’est rien, on distingue le temps chronique et le temps ontique, le temps chronique, métrique, est largement travaillé en danse, mais c’est le temps ontique auquel il faut s’attacher si nous voulons comprendre ce que l’incarnat du temps est en soi. En danse, c’est le souffle intime qui guide le rythme et donc le temps du mouvement, inspire, expire, suspension, trois temps qui ne s

La marche lente de la solitude

Variation poétique sur : AKHMATMODI, Cie Autre MiNa Création : Juillet 2016 à Saint Pétersbourg Chorégraphe : Mitia Fedotenko Danseurs : Mitia Fedotenko, Natasha Kouznetsova Bustes : Anastasia Makarova, Alexandra Murasch D’un roc brut au visage où le corps de la femme apparaît, du visage aux pieds fut un temps de caresse, loin de l’entête créatrice. L’enfer et la solitude ininterrompus par la présence de l’autre encore absent, et crier, crisser, se donner au visage de plâtre l’impossible relation. C’est à elle que revient le soin de guider l’autre anéanti d’inconnu, par les mots, hors les lignes. Spasmes de folie réinventés par la mort, au son du néant qui colle aux corps démunis. Mais à terre enfin, l’horizontale est la verticale qu’emportent les corps. Tristes âmes, prises dans leur songe d’isolement qu’égrène chaque appui. L’une vit, l’autre pas, l’un dit et l’autre non, quand vider la scène de la vie rapproche et contraint, l’amour malgré le rien et le te