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Le Référentiel humain

Pour penser le référentiel humain, il convient de prendre en compte deux choses, qui seules peuvent le faire émerger comme tel : tout d’abord un différentiel, soit un référentiel non humain auquel se réfère l’humain pour se penser lui-même, c’en est la condition sine qua non ; mais aussi, il faut prendre en compte et rechercher toutes les différences de référentiels ou de mesures, ou, encore, de processus de rationalisations et de créations qui sont en jeu dans l’espèce humaine dans son ensemble. 

En effet, il serait plus logique de retrouver dans le référentiel de l’espèce humaine tout ce qui peut être commun à tous les humains, mais cette démarche ne peut intervenir qu’en un second temps, lorsque toute la richesse de ce référentiel aura été explorée.

Ce texte ne prétend pas faire l’étude exhaustive de tout le référentiel humain, mais d’en donner les grandes lignes, pour chaque domaine qu’il paraît intéressant de considérer et qui soit fondamentaux dans le référentiel humain  : il s’agit de la science physique, de la médecine, et notamment de la psychiatrie, de la politique, de la culture, de la spiritualité , dans sa dimension compréhensive du monde et dans son accession à une connaissance libérée de l’intérieur, ainsi que de la neurobiologie, et le tout, considéré d’un point de vue philosophique.

Nous ne savons pas nous extraire de notre référentiel pour élaborer des théories ou des pratiques, mais le plus souvent, c’est ce référentiel que nous pensons ou explorons lorsque nous voulons expliquer le monde ou nous-mêmes, l’exemple de la culture est ici flagrant. Mais fait intéressant, le terme référentiel n’apparaît pas dans le vocabulaire de Lalande, daté des environs de 1926. A cette époque, le référentiel ne semble pas conçu comme un concept philosophique, tandis qu’il est de nos jours un concept certes, mais surtout une réalité théorique urgente et dont il faut rendre compte.

C’est sans doute Ferdinand Gonseth, philosophe et mathématicien, qui élabore le premier cette notion de référentiel, d’un point de vue philosophique, rendu nécessaire par l’invention de la relativité de Einstein qui fonde un référentiel absolu pour nous, soit notre compréhension de l’univers, et sert de référence à toutes les mesures de la physique, classique ou quantique. Mais le référentiel d’Einstein est-lui-même subsumé à ce référentiel humain qui lui a permis de fonder les bases d’un référentiel dit absolu.

Nos pratiques et nos théories sont en effet ce qui fonde notre représentation du monde, et donc manifestent notre référentiel, mais demeurent d’une manière pleine et entière des contenus issus de ce référentiel humain. C’est par l’étude de ces contenus que nous pouvons poser la question de ce référentiel qui fonde et détermine notre pensée, car, à l’intérieur de notre référentiel propre, nous sommes absolument déterminés par lui dans nos modalités du penser et du faire ; comment alors, voir ce qui se confond si bien avec nos contenus de pensée ou de pratiques et qui mettent en valeur, sans être des contenus, les contenants eux-mêmes de notre référentiel?

Le référentiel humain est limité de toutes parts, et ce sont ces limites qui le déterminent et en fondent tant la pertinence que la valeur qu’il revêt pour nous, ce sont encore ces mêmes limites, connues, qui le font se tourner vers un différentiel irreprésentable car hors limites de nos compétentes de compréhension et  de conceptualisations, dans la mesure où il serait alors un référentiel non humain. Ce différentiel irreprésentable est et forme une expérience de pensée à la limite, qui fait l’épochè de notre référentiel propre et dont la fonction philosophique sera de comprendre et définir notre référentiel humain. 

Cette expérience de pensée de l’irreprésentable recouvre tous les irreprésentables auquel se confronte l’humain soit lui-même, corps et consciences, la création artistique, le réel, ou encore le tout autre, etc. Mais de prime abord, ce qui nous intéresse est comment l’humanité tente de penser des différentiels dont la fonction principale est de légitimer et décrire notre référentiel propre, dans tous les domaines de sa compétence.

Comme le note Ferdinand Gonseth,  le référentiel humain est limité de prime abord par le langage, il est relatif à notre capacité de produire un langage, lui-même fonction de nos capacités physiologiques et conceptuelles qui lui donne sa forme et son fondement, alors le langage fait partie prenante du référentiel lui-même, en tant que contenant, mais aussi il est limité par la capacité du langage à nommer et décrire voire créer du réel, et par ainsi à le définir, dans le cadre de notre référentiel, dans quel cas il sera surtout considéré comme un contenu du référentiel.

Le référentiel humain est limité par les conditions initiales et d’abord physiologiques de nos capacités cognitives, et ensuite, par notre capacité processuelle à transformer le physiologique en contenus de conscience, via ce que Sami Ali nommait l’imaginaire, et qu’il faut entendre comme un processus de représentabilité du réel. Ce processus étant limité, le référentiel induit par cela le sera aussi. Mais de la même manière que pour le langage, la mise en conscience du réel forme un fondement, un socle, et un ‘contenant’ du référentiel humain.

Le référentiel humain est limité par nos méthodes d’investigations, sur lui-même ou sur le réel. Toutes nos pratiques de mesure, d’expérimentations, de théorisations ou de conceptions liées au référentiel lui-même ou à ses contenus, lorsqu’il est appliqué au réel, sont limitées par nos pré-jugements, nos croyances, qu’elles soient tournées vers la fiabilité de nos processus de rationalisation ou vers la fiabilité de nos savoirs et pratiques, mais aussi de nos possibilités techniques, nos capabilités, et incapabilités, comme les développait Amarthya Sen, dans le domaine plus restreint de l’économie, mais qui vaut en soi pour le référentiel humain dans son ensemble. 

Mais aussi limité par notre imagination, nos horizons d’attente, et encore par les incarnats de concept et par notre physiologie même, mais aussi en l’esprit, toutes les facultés de mesures rationnelles, qui sont limitées par notre forme de rationalité propre, ou de nos rationalités propres, car la manière dont nous envisageons le mode d’être rationnel d’un raisonnement découle d’un consensus sur la dite rationalité et sur le raisonnement, lequel consensus, si valide soit-il, il est comme nous le disions le fait d’une foi, d’une croyance et d’une confiance en nous-mêmes qui n’est relatif qu’à notre propre esprit.. 

Et limités par notre esprit, qui ne peut souvent invoquer ou mesurer que ce qu’il peut lui-même concevoir, faisant des résultats de sa recherche la preuve du bien fondé de sa propre recherche, et mesure, mais non nécessairement ce que serait l’observé sans observateur. Etre soi-même l’observateur, pris dans son référentiel pour pratiquer l’étude du réel, de soi, de l’autre, limite par le fait même l’observation, et le sujet observé, et renseigne plus sur l’observateur et ses compétences que sur le réel ainsi fabriqué par l’observation. Ceci, ne pas savoir faire l’épochè du référentiel humain pour pouvoir penser le référentiel humain limite ce référentiel, en le définissant positivement.

Notre référentiel rend relative notre connaissance, en tant qu’elle ne vaut que pour nous, non pas qu’elle ne puisse pas être validée par d’autres formes de référentiel, mais bien qu’elle ne fasse sens que par le prisme de lecture que nous avons-nous-mêmes, d’où la nécessité absolue pour toutes les formes de sciences humaines, y compris les sciences exactes qui ne sont exactes que dans notre référentiel propre, de bâtir des différentiels partiels ou absolus,  en partie ou entièrement irreprésentables, qui seuls peuvent venir valider le nôtre, et ainsi lui donner sa légitimité scientifique et philosophique.

L’ampleur de la démarche a de quoi inquiéter. Mais nous n’envisageons pas les choses de manières exhaustives, nous recherchons, dans chaque domaine de la compétence humaine, les différences culturelles et nous prolongeons ce qui fait l’unité humaine de référence, sans mêler chaque domaine à chaque autre, les concordances entre les domaines, étant pour le moins lisibles, surtout dans le fait par exemple que les visions et les compréhensions du monde, d’un domaine à l’autre, concordent toujours en quelque manière : la connaissance, est un tissage processuel de ce que nous comprenons appliqué à divers et nombreux autres champs de compétences.

Par exemple, les liens entre l’émergence de la physique quantique et l’émergence du travail contemporain sur le corps qui s’est élaboré, dans le même temps, en danse contemporaine, ont changé d’un côté le visage du monde, et de l’autre le visage de l’humain  lui-même, car ce qui fut vrai pour la danse le fut aussi pour tous les arts du début du XXème siècle, jusqu’à ce jour où tous nous nous confrontons au vide, qui est l’un des contenants de notre référentiel propre.

Le référentiel humain est un système de référence et de référencements propres à l’humain et déterminé par l’humanité comme le mode d’être et de penser en tant qu’humain et ainsi de se comprendre ou de comprendre le réel sur un mode à proprement parler humain. On pourrait dire que le référentiel humain commence avec le corps humain, qui fonde le socle à partir duquel va se déployer tant l’intellect que l’esprit, l’affectivité, la perception et l’auto-perception. 

Le corps humain n’est pas comme on le dit l’enveloppe de l’esprit, mais il n’est pas non plus tout à fait et uniquement corporel et en tant que tout procèderait du corps, la spiritualité, par le fait même qu’elle existe dans notre espèce montre que l’esprit sait déborder et sublimer son propre corps. En réalité, le corps est la forme matérielle de l’esprit, et l’esprit est la forme immatérielle du corps. Il ne s’agit pas, donc, d’une simple relation, mais d’une identité profonde. 

L’identité, soit le concept de ce que l’on tient pour le même, ne s’édifie pas à l’origine comme un ensemble de données hétérogènes et relatives au milieu humain, mais comme dès l’origine l’id-entité corps-esprit, ce qui est le même n’est pas de l’ordre du concept mais de l’être et de l’exister. En d’autres termes, je ne suis pas le même que moi, je suis le même : corps/esprit, tant immatériel que matériel.

Ensuite seulement viennent se greffer des données, qu’elles soient autobiographiques ou environnementales. Cela fait résonner l’identité d’une manière bien différente, qui n’est plus soumise à la relation, où à une pseudo bio-graphie, soit l’écriture interprétative d’une vie. Mais cela fait aussi résonner le référentiel humain selon les deux termes de l’espèce et de l’individualité, soit ce qui en moi relève de l’espèce humaine et commun à tous, et, dans le même temps, la manière singulière dont j’incarne cette humanité, et qui fonde aussi un référentiel secondaire propre et infini.

Un référentiel propre est subsumé aux caractéristiques du référentiel humain dont la richesse et la complexité permettent que l’on fasse en lui le choix d’une structure identitaire singulière, le sous référentiel est donc subsumé à ce choix, un choix qui peut n’être en rien conscient ou conscientisé, mais qui détermine certains contenus comme valides pour soi, et qui fondent l’ossature de l’identité ainsi choisie, relativement aux capabilités et incapabilités de la personne. Toujours est-il que ces contenus sont valides, même s’ils sont fragmentaires. La richesse de l’humanité tient dans la diversité de son expérience du réel, dans tous les domaines. Cette fragmentation du référentiel en une infinie variété de sous référentiels, réunifiés en une seule vue panoramique, montre que finalement l’apparente diversité ne tient souvent qu’à des divergences, ou différences de langage, en fonction des différents domaines de la connaissance humaine, domaines qui vivent le plus souvent dans l’ignorance volontaire des autres domaines, et donc des autres sous référentiels, ce en quoi ils limitent leurs propres actions, en termes de connaissance et d’expérimentation.

Le référentiel humain est donc en même temps des contenants et des contenus, mais il se donne à voir de manière fragmenté dans toutes les disciplines de la connaissance humaine. Que ce soit en sciences dites physiques, en psycho-analyse, en neurobiocognition, en esthétique, en philosophie, en pratiques corporelles, en spiritualités, en éthique et vie civique, chaque domaine porte en lui son propre référentiel qui est un sous domaine du référentiel humain, on peut montrer comment ces référentiels se rejoignent et coïncident en plusieurs manières, mais l’on peut aussi voir de quelle manière chaque sous référentiel contient en lui l’ossature du référentiel humain. Les chemins de la pensée sont relativement semblables, dans la diversité des modes de penser et des contenus de pensée eux-mêmes.

Dans chaque sous référentiel encore, les contenus se donnent fragmentés à travers divers auteurs ou penseurs, et cette fragmentation, réunifiée dans une vue panoramique, montre que les contenus sont loin de s’opposer comme on le fait trop souvent, mais forment si on les pense ensemble, des fragments d’un même discours et d’une même connaissance qui est et demeure humaine. Par exemple opposer deux contenus de pensée, c’est manquer de repérer l’opposition elle-même qui est une caractéristique du penser humain, mais qui le plus souvent dérive d’une méconnaissance patente de son objet, qui ne s’oppose pas à lui-même mais se complète dans son infinie variété et complexité.

Il y a des domaines précis qui se répondent les uns aux autres, lorsqu’ils prétendent s’emparer du réel, et que l’on oppose de moins en moins. Ces domaines posent le plus souvent une conception du monde et une représentation du monde, quel que soit le point d’expérimentation depuis lequel ils se positionnent pour penser. Les représentations spirituelles du monde, pour la plupart très anciennes affrontent en une joute conceptuelle les conceptions du monde avancées par les scientifiques, sans que ni les unes ni les autres ne soient amoindries par les études comparatives et formelles qui tendent à se multiplier. Par exemple, les diverses sciences de l’esprit comme la neuro-bio-cognition répondent aussi aux phénoménologies de l’esprit intuitives des spiritualités, dans leur formes pratiques et théoriques.

De la même manière que l’éthique de ces spiritualités ont formé le cadre de notre pensée occidentale liée aux structures de nos sociétés, aux droits de l’humain et des citoyens, au droit international, etc. de la même manière, les cultures, les esthétiques répondent aux sciences actuelles et s’actualisent, soit inconsciemment, soit consciemment, et coïncident avec les sciences contemporaines. Le référentiel humain n’est pas, dans sa dimension de contenant, si divers que cela, mais les variations du contenant dans les contenus sont variables à l’infini. Les rôles des vides dans nos représentations du monde sont avérés dans toutes les théories scientifiques, mais aussi dans presque toutes les spiritualités, dans la plupart des cultures et civilisations, et notre manière de les penser est relativement proche dans les trois sous-référentiels de la physique quantique, de la représentation spirituelle et de l’esthétique.

Ce ne sont pas en soi les contenus qui nous intéressent mais le cadre qui les rend possibles, surtout lorsqu’ils traitent de la même chose. On ne fera pas l’économie de la diversité infinie des contenus, mais il s’agi surtout de montrer la pertinence de leur tronc commun d’une part, et leur singularité d’autre part, singularité qui loin de les invalider, les valide comme part complémentaire et essentielle du référentiel humain. 

Aucun amalgame ne peut être fait entre le caractère scientifique c’est-à-dire sciences d’une part et expérimentations pratiques et théoriques de la spiritualité, d’autre part, il s’agit toujours d’une science humaine, et le caractère scientifique des sciences exactes, à quoi on les oppose encore trop souvent, mais qui s’en inspirent toujours un peu, peu ou prou : la manière de se représenter le monde n’étant jamais issue de rien. C’est cette différence de manière qui va nous intéresser, dans la mesure où elle manifeste le référentiel humain, dans ses différentes méthodes liées à la divergence de certains contenants mais surtout de certains contenus. La méthode est l’une des composantes du référentiel humain qui importe le plus à l’humain, ses protocoles d’expérimentations et de théorisations sont ce qui fait le lien entre les contenants et les contenus, et qui construisent en fait les contenus par la mesure qu’elle permet de notre réalité. La méthode conditionne, construit et détermine le réel et le monde humain en fonction du cadre référentiel impensé sur lequel elle se bâtit.

Dans ce contexte, on ne peut qu’admirer cette phrase de Ferdinand Gonseth, qui résume l’enjeu de référentiels de ce type, en disant que le référentiel est un univers obligé de médiatisation, pour penser, vivre, percevoir l’univers extérieur et le nôtre intime, il est obligatoire de développer et d’acquérir ce référentiel, car sans référentiel, ni l’univers, ni notre intériorité ne nous seraient accessibles au vivre, à la perception et à la compréhension. Et les termes de F. Gonseth ne sont pas anodins, lorsqu’il utilise le terme de univers obligé, il met bien en valeur le caractère universel de cette nécessité, et il permet de s’apercevoir que le référentiel est bien un univers en soi, dans lequel prennent naissances toutes nos expérimentations, vie, existence, perceptions, conceptions, explications, descriptions, compréhensions, etc. Le référentiel est l’univers obligatoire, fondé sur notre fonctionnement humain et notre structuration humaine propres, de notre interaction avec soi et l’univers, voire plus, dans le cadre de la spiritualité. Le référentiel médiatise le monde afin que ce monde soit appréhensible pour nous, sans cela, nous ne serions dotés d’aucune conscience, ni conscience-de, et nous ne pourrions pas exister, puisque rien ne ferait sens pour nous. Ce médiateur, est la première chose qui apparaît en l’humanité. 

Cette médiatisation implique en un second moment un référentiel non humain, qui viendra définir et donner sens et limites au référentiel humain et à ses référentiels secondaires, chaque discipline, puisqu’aujourd’hui le savoir s’éparpille dans des sciences sourdes aux compréhensions et appels des autres, chaque discipline aura son référentiel non humain mais irreprésentable propre. Pour les religions, ce sera dieu(x), pour les spiritualités ce sera la conscience irreprésentable, pour les sciences dites, un peu rapidement, exactes, ce sera le réel, pour d’autres pratiques, et quelles qu’elles soient, ce sera toujours un idéal ou une idée irreprésentable, le corps réel, l’inconscient, etc.

Mais, de prime abord, tout commence avec un corps, et le référentiel humain se fonde, comme chacun le sait, dans une expérimentation singulière du monde qui est celle du corps humain, à lui-même et à l’autre d’abord, à l’autre et au monde ensuite. La manière même d’imaginer un différentiel prend sans doute naissance de l’expérience de la différentiation d’avec l’autre dans l’utérus, puis l’autre et le monde hors utérus. 

Dans les spiritualités, le différentiel est l’irreprésentable même, dans les religions, l’irreprésentable est un dieu, et il faut noter que lorsque nous parlons de l’irreprésentable, dans le cadre de la pratique ou des théories spirituelles nous ne parlons pas de dieu, et que lorsque nous parlons de dieu, dans le cadre des religions, nous parlons d’un irreprésentable singulier qui a une fonction religieuse et fait l’objet d’une croyance quelle qu’elle soit. L’irreprésentable en philosophie est un concept qui vise à penser un référentiel pour la compréhension du monde que l’humain forge, et dans la démarche spirituelle, il est une personne et le fruit d’une expérience directe.

Dans les sciences, en revanche, il sera le réel, dans les arts il sera la matière même du monde, et notamment dans la danse, l’irreprésentable est le corps propre, qui permet de manifester la manière humaine de vivre et de penser les incarnats, ces concepts incarnés qui sont autant contenus que contenants de pensée du référentiel humain. Il s’agit de penser l’avancée de ces concepts incarnés dans la construction du corps pensant, et dans la création de la matière danse, mais aussi dans la manifestation de la phénoménalité humaine, qu’ils fondent et co-créent.

Remarque: Je pense à la spiritualité et non aux religions. Toute religion développe sa forme propre de spiritualité, mais toute spiritualité ne prend pas nécessairement sa source dans les religions, de même, il est toujours possible de constater que les spiritualités que nous connaissons s’affranchissent des religions mêmes dans lesquelles elles ont pu prendre corps, et afin de bien différencier une démarche spirituelle d’une démarche religieuse, il faut dire que toute forme de spiritualité finit par se passer de sa religion ou la sublimer, lorsqu’elle est issue d’une religion.

Référence: Le Référentiel, univers obligé de médiatisation, Ferdinand Gonseth, Dialectica, l'âge d'homme, Lausanne, 1975.

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