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Articles

A paraître II

Parfois troublée d'un autre . Le livre de la lenteur , bientôt publié aux éditions de l’œuf sauvage, c'est Claude Roffat qui en parle le mieux dans sa préface du livre: Parfois troublée d’un autre . Et souvent troublée de soi, aurais-je envie d’écrire, tant ce qui apparaît, tout au long de ces pages, est le questionnement, le doute, la continuelle recherche de son rapport au monde. Qui suis-je ? , se  demande Anne-Laure Guichard, éludant à peine l’idée de n’être rien, évoquant le vide absolu dans lequel elle doit vivre. La solitude, le silence fondent le décor d’une vie à peine dévoilée. Pourtant, de ce champ de ruines, de ce no man’s land où Anne-Laure se désespère, attend sans cesse qu’il se passe enfin quelque chose, va naître une œuvre singulière, dérangeante, qui en sera à la fois le témoin et l’objet. Écrire pour dire le rien, le non-avenu tient de la gageure. C’est pourtant ce qui est donné à lire ici, par une double écriture : une écriture instinctive, sauvage, u

Soulages, détail de peinture

On pourrait presque dire extraits du dialogue que Soulages tient avec le noir. L’absorption de toute lumière se fait matière, et cette matière est un corps dense, pesant, comme ce que le corps devient lorsqu’il fait du taiji, cette lourdeur de la matière qui enracine le corps dans la terre est paradoxalement ce qui en fait jaillir la lumière, le plus étrange, c’est qu’à la lumière même naturelle le noir devient gris, argenté. L’amas de noi r déracine le noir, Soulages parle de noir lumière, la lumière de l’obscur, de ce qui s’absorbe en soi, et s’engloutit dans le regard de l’autre, comme si Soulages voulait que son dialogue avec le secret soit le nôtre, à nous qui le regardons simplement parler du noir comme d’une porte vers l’inconnu, l’insu, l’impensé. Et le travail de la matière et la manière même dont nous la percevons est, devient un dialogue corps à corps entre soi et sa propre matière.

Le chant de la pensée

L’idée est une chose rare, l’idée est une inspiration de l’instant, l’idée est une chose qui se forge au fil de temps de latence plus ou moins longs. L’écriture, la pensée philosophique n’est pas si aisée qu’elle jaillisse ainsi, à la faveur d’articles courts à proposer au public, la pensée philosophique est une pensée qui mûrit dans le temps, hors du temps chronique, en un temps ontique qui, en tant que présence, s’inscrit dans la durée d’une éternelle présence de la latence dont elle a besoin pour s’exprimer pleinement, se travailler profondément, se peaufiner dans la nuance et la subtilité. J’écris sur la danse, et sur un livre qui traitera des malaises psychiques qui rendent les vies difficiles, mais j’écris aussi mes humeurs littéraires et philosophiques, qui sont comme un journal de travail en philosophie, l’écriture s’éparpille, va tous azimuts rechercher dans le mot, la pensée qui enfin fera l’objet d’un nouveau livre de philosophie. Ma pensée est réellement en crise,

Chant à l'enfant

Chant à l'enfant, en hommage à Charlie Chaplin L’enfant veille le long des taudis de pierre la chair tremblée par le froid l’air vieux déjà le sourire innocent pourtant Le froid n’épouse que la misère et des âmes démunies aux esprits inconscients l’homme danse sa vie en première L’enfant veille quelques cailloux à la main il tente d’ébranler le destin quelques sous parfois la fuite en avant souvent Le temps ne change rien à l’affaire et des âmes démunies aux esprits inconscients l’homme danse sa vie en première L’enfant veille au fond il n’a peur de rien privilège des gens de peu de bien la poche vide et le visage serein La misère n’effraie que les nantis et des âmes démunies aux esprits inconscients l’homme danse sa vie en première L’enfant veille sa joie éblouit le destin il prend dans l’offert les richesses de la vie et son sourire mutin La paix est au cœur que la misère dénude et des âmes démunies aux esprits innocents l’homme danse sa

La main de l'oeil

Ce qui dans le regard touche le monde à l’œuvre. Narrer une œuvre d’art pour une personne qui ne voit pas est une expérience de la perception merveilleuse, elle requiert de regarder l’œuvre avec des doigts au bout des yeux, tandis que rarement le droit nous est donné d’y toucher. Mais comme on y touche par la caresse d’un regard, lorsqu’il s’agit de l’évoquer avec assez de subtilité pour en transmettre le goût à l’autre. Ce que l’œil voit la main le voit aussi, quelle joie de pouvoir toucher une œuvre, son grain, sa peau, sa texture, l’éclat de sa couleur, et les fines marques du temps. Ayant eu à voir, et écouter un Mondrian de près, ce qui m’a saisi au premier chef fut les fines craquelures qui striaient la toile de part en part, faisant que le géométrique ne l’était plus, ni le blanc non plus, par un surcroît de linéaments noirs qui en brisaient la teinte. Raconter la vieillesse d’une toile, conter ses rides et ses sillons, tout en donnant à voir l’intention première de l

A paraître

A paraître, Poétique de la raison biblique , thèse de doctorat en philosophie soutenue, sous le titre Expression poétique et genèse de la rationalité dans le texte biblique , en Janvier 2013.  ..... L’espèce humaine est faite d’une âme errante, indigente, qui cependant contient en elle le principe de l’irreprésentable, elle contient le questionnement qui peut transformer chacun en être humain primordial, et l’aptitude à rendre créatrice la parole, ce qui implique la présence en l’espèce humaine d’un principe créateur. L’espèce humaine renferme donc en elle par définition et par essence, le souci philosophique, la tension du questionnement, et la capacité d’une transformation radicale par l’efficacité créatrice du langage. Cette définition émerge du sens hébraïque donné au mot ha adam , l’espèce humaine, au début de la Genèse . Que l’espèce humaine soit fondée dans le questionnement incessant et le langage créateur, et que sa pensée soit dans l’ignorance même de ses fonde

Avenue en Onoma

Cette création hybride reprend les dessins non exploités de Parfois troublée d'un autre, le livre de la lenteur , et un poème issu de L'aïsthésie du vide, Ma-Aï , portant sur l’œuvre chorégraphique de Susan Buirge, Le cycle des saisons.  L'ensemble forme un voyage en solitude, que j'espère poétique.. Il était une nuit à Nice où je ne dormais pas, il y a une dizaine d’années, et je décidais de m’amuser à enregistrer sur cassette des extraits de chants que j’aime et de textes de mon cru. Une demi heure d’enregistrement qui résonne encore des paroles des badauds de la nuit, qui parlent bas et que l’on entend fort, des cantonniers qui nettoient les rues chaque nuit, de l’eau qui jaillit en un son assourdissant, qui imprègnent tous ensemble la bande, nuit faite de la magie du silence paradoxal de tout cela. Cet extrait de l’enregistrement est pour moi touchant, j’aurais pu le refaire, afin que le son soit parfait, et que la faute de liaison soit effacée, mais

Crise de la pensée

La philosophie ne se nourrit pas du monde que par l’analyse critique, elle contient en elle ce geste créateur qui la rend proche de toute forme de geste créateur, et les nourritures qu’elle s’octroie lui sont aussi de la matière brute, source d’inspiration, source d’énergie à perdurer dans son mouvement, un philosophe qui s’isolerait dans le seul sillon de sa recherche sans se nourrir de l’autre ne saurait exercer son esprit critique et son aspiration à l’innovation, ou au repositionnement des grandes questions humaines dans le contexte de leur actualité. La crise du sens de la philosophie comme crise de la philosophie elle-même. Le moment où la philosophie devient création pure, ce moment où l’on cesse de penser penser pour s’apercevoir que si la pensée ne se fait pas en soi, rien ne se passe. Le philosophe dit-on creuse un sillon qu’il suit, ou précède, je ne sais trop. Certains creusent des contenus, des connaissances qui sont sans cesse à refonder, si ce n’est pour les r