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Temps

Nous pourrions aborder la question du temps de la même manière que nous avons approché la notion d’espace : face à toute tentative de définition, le temps échappe, et nous place face à une inconnaissance édifiante. Être : Rien : Temps, c’est Martin Heidegger qui dit cela dans les séminaires du Thor , et dans temps et être , et plus exactement dans les concepts fondamentaux , il dit que l’être n’est que vide, que l’être le même et le rien sont identifiables, et qu’être est temps. A partir de ceci, la danse prend toute son ampleur, car le temps y est l’un des concepts les plus importants, et le temps n’est rien, on distingue le temps chronique et le temps ontique, le temps chronique, métrique, est largement travaillé en danse, mais c’est le temps ontique auquel il faut s’attacher si nous voulons comprendre ce que l’incarnat du temps est en soi. En danse, c’est le souffle intime qui guide le rythme et donc le temps du mouvement, inspire, expire, suspension, trois temps qui ne s

La marche lente de la solitude

Variation poétique sur : AKHMATMODI, Cie Autre MiNa Création : Juillet 2016 à Saint Pétersbourg Chorégraphe : Mitia Fedotenko Danseurs : Mitia Fedotenko, Natasha Kouznetsova Bustes : Anastasia Makarova, Alexandra Murasch D’un roc brut au visage où le corps de la femme apparaît, du visage aux pieds fut un temps de caresse, loin de l’entête créatrice. L’enfer et la solitude ininterrompus par la présence de l’autre encore absent, et crier, crisser, se donner au visage de plâtre l’impossible relation. C’est à elle que revient le soin de guider l’autre anéanti d’inconnu, par les mots, hors les lignes. Spasmes de folie réinventés par la mort, au son du néant qui colle aux corps démunis. Mais à terre enfin, l’horizontale est la verticale qu’emportent les corps. Tristes âmes, prises dans leur songe d’isolement qu’égrène chaque appui. L’une vit, l’autre pas, l’un dit et l’autre non, quand vider la scène de la vie rapproche et contraint, l’amour malgré le rien et le te

Danse et concepts: projet de recherche 2016-2017

Un projet de recherche sur 2016-2017, autour de la danse contemporaine, c’est non seulement parachever mon travail de recherche en danse, mais aussi continuer le travail entrepris depuis longtemps, et dont ma thèse fait partie, à propos du référentiel humain. Le travail sur l’émergence d’une forme de rationalité créative, qui en tous les cas trouve ses fondements et sa dynamique dans le caractère créateur du langage et la création poésique de soi et de son milieu, mené dans ma thèse, a fait ressortir la prépondérance d’un référentiel autre à l’aune de quoi se forge le nôtre, et qui dans le texte biblique prenait l’apparence et la consistance d’un Dieu aux multiples facettes et multiples fonctions. Cet autre, dans la danse, se révèle être le corps propre, et sa relation subtile et problématique à la pensée propre, tout autant que n’importe quel autre irreprésentable. C’est à travers l’exploration des concepts incarnés qui fondent le corps et que la pensée peut conceptualiser que

Espace

Nous tissons l’espace qui nous tisse, nous tissons le temps qui nous tisse, nous tissons la matière qui nous tisse, et ainsi de l’esprit, de la lumière, de l’énergie, de tout ce qui dans le réel nous fait être corps pensant, et que dans la danse nous incarnons car l’humanité entière danse et se pense. Ce tissage est rendu conscient dans la danse, il est déconstruit, compris, puis recomposé, pour produire une écriture singulière faite de la lecture des acteurs de la danse. Ce tissage de la matière par l’esprit, de l’esprit par la matière est proprement humain. Espace, spatium , signifie étendue, nous sommes une étendue pris en une autre étendue, etc. Le corps est spacieux. Et distance. La danse instaure une distance entre le corps et son mouvement. Une conscience du corps se fait jour dans cette distance. Une conscience des étendues qui nous fondent. Même dans l’improvisation le mouvement n’est pas spontané, il est réfléchi, fut-ce sans conscience de l’esprit, réfléchi par la con

Poétique de la raison biblique

Poétique de la raison biblique , Anne Laure Guichard, Chemins de pensée, Éditions Ovadia, Nice, 2016. Livre paru en Avril 2016 et disponible en précommande avant sa sortie officielle sur le site des éditions: http://www. leseditionsovadia.com/a- paraitre/203-poetique-de-la- raison-biblique.html Poétique de la raison biblique est un regard résolument philosophique porté sur le texte biblique et son influence sur notre pensée contemporaine, en regard d’une tradition qui ne se donne pas si aisément dans la langue française, mais dont la transmission s’est de fait opérée, sous le boisseau, dans l’histoire de la pensée occidentale, et qui opère encore aujourd’hui dans les champs de la psychanalyse et de la philosophie. Table des matières: Livre I Récits et Origines Questions et questionnement Le questionnement divin L’interrogation d’Adam La question de Caïn La question de Pharaon Engager la philosophie Le socle L’interrogation philosophique L’effacement de toute vie, p

Métadanse

Extrait des Cahiers de l'incarnat : La danse est une conception, et le danseur, une construction. L’espace du danser est cet espace où ce que l’’humain est en capacité de penser du monde devient le monde lui-même, à travers une parole portée par son corps. La danse est une méta-pensée du corps, une pensée incarnée sur la pensée même du corps. La construction du danseur tient en cela, se construire soi-même comme espace propre à incarner la pensée du corps, ses affects, ses émotions, ses réflexions, et bien sûr, si Nikolais avait raison de dire qu’il ne faut pas l’être soi-même mais l’incarner, comme un rôle de théâtre dansé, il faut cependant y croire et le devenir suffisamment pour que cela fasse sens pour autrui, et qu’on y reconnaisse le sens donné au mouvement. Il y a les danses qui ne dansent pas, celles qui dansent, ou se dansent, mais il y a aussi les danses qui dansent la danse, comme une réflexion de la danse sur elle-même, et c’est là que la danse entre de plein