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L'enfant veille

Lorsque René Char dit simplement que ce qui est emprunté doit être rendu augmenté, il ne parle pas seulement des biens matériels, mais aussi des idées, des images, des sons, de la création en soi. J'ai écrit cette chanson après avoir vu le film The child de Charlie Chaplin. Ayant emprunté ainsi à Charlie Chaplin son idée, j'espère ainsi faisant la lui rendre augmentée. Paroles, arrangement, voix: Anne Laure Guichard

Poétique de la raison biblique

Perspectives philosophiques de la Torah : YHWH interdit à l’Ha adam , c’est-à-dire l’humanité primordiale dont fera partie Adam, lorsqu’il recevra son nom, de goûter à l’arbre de la vie et celui de la connaissance du bien et du mal. Mais lorsqu’il construit Ha isha , la part féminine de l’homme, en femme incarnée, il ne réitère pas cette interdiction. Or, dans la logique hébraïque, si Ha isha avait dû être interdite du fruit de ces arbres, alors YHWH aurait réitéré l’interdiction pour elle. Ceci fait de Ha isha une femme singulière, qui seule a le droit de goûter aux fruits de la connaissance et de la vie. Pourquoi ? De cette dégustation légitime, deux effets : Ha isha reçoit son prénom : ‘Hawa, qui signifie ‘celle qui donne la vie’, et qui est associée à la raison Binah , dans les commentaires secrets, et elle enfante Qayin, qui signifie l’acquisition et Hévèl, dont le nom signifie la buée, l’éphémère. Pourquoi ? Et pourquoi, encore, entre la connaissance de la vie comme pr

Temps

Nous pourrions aborder la question du temps de la même manière que nous avons approché la notion d’espace : face à toute tentative de définition, le temps échappe, et nous place face à une inconnaissance édifiante. Être : Rien : Temps, c’est Martin Heidegger qui dit cela dans les séminaires du Thor , et dans temps et être , et plus exactement dans les concepts fondamentaux , il dit que l’être n’est que vide, que l’être le même et le rien sont identifiables, et qu’être est temps. A partir de ceci, la danse prend toute son ampleur, car le temps y est l’un des concepts les plus importants, et le temps n’est rien, on distingue le temps chronique et le temps ontique, le temps chronique, métrique, est largement travaillé en danse, mais c’est le temps ontique auquel il faut s’attacher si nous voulons comprendre ce que l’incarnat du temps est en soi. En danse, c’est le souffle intime qui guide le rythme et donc le temps du mouvement, inspire, expire, suspension, trois temps qui ne s

La marche lente de la solitude

Variation poétique sur : AKHMATMODI, Cie Autre MiNa Création : Juillet 2016 à Saint Pétersbourg Chorégraphe : Mitia Fedotenko Danseurs : Mitia Fedotenko, Natasha Kouznetsova Bustes : Anastasia Makarova, Alexandra Murasch D’un roc brut au visage où le corps de la femme apparaît, du visage aux pieds fut un temps de caresse, loin de l’entête créatrice. L’enfer et la solitude ininterrompus par la présence de l’autre encore absent, et crier, crisser, se donner au visage de plâtre l’impossible relation. C’est à elle que revient le soin de guider l’autre anéanti d’inconnu, par les mots, hors les lignes. Spasmes de folie réinventés par la mort, au son du néant qui colle aux corps démunis. Mais à terre enfin, l’horizontale est la verticale qu’emportent les corps. Tristes âmes, prises dans leur songe d’isolement qu’égrène chaque appui. L’une vit, l’autre pas, l’un dit et l’autre non, quand vider la scène de la vie rapproche et contraint, l’amour malgré le rien et le te

Danse et concepts: projet de recherche 2016-2017

Un projet de recherche sur 2016-2017, autour de la danse contemporaine, c’est non seulement parachever mon travail de recherche en danse, mais aussi continuer le travail entrepris depuis longtemps, et dont ma thèse fait partie, à propos du référentiel humain. Le travail sur l’émergence d’une forme de rationalité créative, qui en tous les cas trouve ses fondements et sa dynamique dans le caractère créateur du langage et la création poésique de soi et de son milieu, mené dans ma thèse, a fait ressortir la prépondérance d’un référentiel autre à l’aune de quoi se forge le nôtre, et qui dans le texte biblique prenait l’apparence et la consistance d’un Dieu aux multiples facettes et multiples fonctions. Cet autre, dans la danse, se révèle être le corps propre, et sa relation subtile et problématique à la pensée propre, tout autant que n’importe quel autre irreprésentable. C’est à travers l’exploration des concepts incarnés qui fondent le corps et que la pensée peut conceptualiser que

Espace

Nous tissons l’espace qui nous tisse, nous tissons le temps qui nous tisse, nous tissons la matière qui nous tisse, et ainsi de l’esprit, de la lumière, de l’énergie, de tout ce qui dans le réel nous fait être corps pensant, et que dans la danse nous incarnons car l’humanité entière danse et se pense. Ce tissage est rendu conscient dans la danse, il est déconstruit, compris, puis recomposé, pour produire une écriture singulière faite de la lecture des acteurs de la danse. Ce tissage de la matière par l’esprit, de l’esprit par la matière est proprement humain. Espace, spatium , signifie étendue, nous sommes une étendue pris en une autre étendue, etc. Le corps est spacieux. Et distance. La danse instaure une distance entre le corps et son mouvement. Une conscience du corps se fait jour dans cette distance. Une conscience des étendues qui nous fondent. Même dans l’improvisation le mouvement n’est pas spontané, il est réfléchi, fut-ce sans conscience de l’esprit, réfléchi par la con