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Les voix de la transcendance


Lorsque la voix se fait le visage de la transcendance…
Le visage de la transcendance, ce n’est pas autre pensée que celle de Levinas pour qui le visage de l’autre est l’épiphanie du tout Autre. Ignore-toi toi-même dit Levinas, ne fais pas retour sur soi… Ainsi connais-toi toi-même, et une fois connu de toi, ignore-toi et vas...
La voix lorsqu’elle s’élève sans ego produit cette trouée vers l’autre sans ce retour à soi qui forme comme une cristallisation de soi. Le chant défait le soi, bannit l’ego et remet nos histoires et nos fictions du côté de la non-existence.
Qu’est-ce qu’une voix sans ego : une voix qui produit un son si intense et dense, que le corps intime, intérieur s’en trouve transformé, le son en soi se fait lumière, et cette lumière abolit les limites de la corporéité, efface la personnalité, le savoir, le caractère, et ne reste plus en soi que son et lumière, et aucune place pour un soi, quel qu’il soit.
Lorsqu’une voix produit ce phénomène en soi, le son s’écoule en l’autre comme ce qui va le faire se détourner de tout soi et se fondre en la beauté sublime du monde que la voix évoque, invoque et réalise à même la matière.
C’est de cette résonance dont il faut parler, de la résonance du monde dans la voix, d’un univers fait de lumière et de son. Le chant émarge le savoir et se fonde dans la co-naissance au monde. Mais ce monde n’est pas celui de celui qui chante lequel disparaît dans son chant, il est celui du chant lui-même de la voix qui se réalise comme univers et convoque le sacré.
Le chant fait du corps chantant une habitation possible pour le sacré, et le monde se donne comme beauté et équité, justesse et concordance entre le son et le monde, dans une relation transcendante, soit dans la relation entre ce qui est et ce qui franchit l’être, et se donne à travers l’être comme échappée.
Ce franchissement de la voix est donc ce qui traverse le corps comme ce qui précisément n’est pas le corps mais l’esprit qui se donne à même le monde à travers le corps, comme son débordement lui-même.
L’esprit franchit le corps par le son et sa lumière propre… Une belle voix est une voix vraie, authentique, qui convoque l’affranchissement du corps par l’esprit, et ne fait pas retour sur soi. Ainsi personne ne chante hormis le chant lui-même, et les êtres, susceptibles de produire ce chant authentique de l’être, et se laisser traverser et franchir par le chant, quittent le chemin de l’étant pour les voies de l’être.

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