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Crise de la pensée

La philosophie ne se nourrit pas du monde que par l’analyse critique, elle contient en elle ce geste créateur qui la rend proche de toute forme de geste créateur, et les nourritures qu’elle s’octroie lui sont aussi de la matière brute, source d’inspiration, source d’énergie à perdurer dans son mouvement, un philosophe qui s’isolerait dans le seul sillon de sa recherche sans se nourrir de l’autre ne saurait exercer son esprit critique et son aspiration à l’innovation, ou au repositionnement des grandes questions humaines dans le contexte de leur actualité. La crise du sens de la philosophie comme crise de la philosophie elle-même. Le moment où la philosophie devient création pure, ce moment où l’on cesse de penser penser pour s’apercevoir que si la pensée ne se fait pas en soi, rien ne se passe. Le philosophe dit-on creuse un sillon qu’il suit, ou précède, je ne sais trop. Certains creusent des contenus, des connaissances qui sont sans cesse à refonder, si ce n’est pour les r

Voix

Ce soir pour moi la voix est celle d’un violoncelle, et c’est au son de cordes pincées que j’évoque la voix, cette énigme de chaque jour qui, au cœur même de la banalité, sait faire vaciller un corps et frémir un esprit. Rien n’est plus usuel que la voix, et rien n’est plus énigmatique, et d’autant plus que nous savons chacun comme elle fonctionne, physiologiquement, sans que cela enlève à son mystère. La voix forme bien plus qu’un simple outil de communication, elle forme la personnalité même de qui elle est le signe, l’empreinte vocale est tout autant originale et unique que l’empreinte digitale, la beauté de son immatérialité en sus, elle serait comme l’empreinte de l’esprit en ce monde. Son unicité et sa singularité disant plus, de soi, qu’on ne souhaiterait, et souvent nous trahissent, sont un appel et un rappel du poétique à même le corps. La voix est créatrice non seulement d’une identité, mais aussi d’un esprit, l’esprit de soi, et selon la formule de Montesquieu,

Ce pour quoi nous sommes

 Comme une respiration, l’imperceptible est ce que l’on ne peut percevoir, au sens strict, et pourtant, c’est toujours quelque chose que l’on perçoit que l’on nomme imperceptible. Paradoxe sans aucun doute, qui dit bien la complexité de la réalité qu’il s’agit de percevoir d’une part, mais sous sa forme imperceptible d’autre part. C’est tout le jeu entre matière et immatière qui se donne ici, entre substantiel et insubstantiel, entre le perçu et le pensé. Extrait de l'imperceptible, par Anne Laure Guichard