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Une ombre de poète...


Un peu de poésie extraite de La nuance de l'épaisseur, Anne Laure Guichard 2003

Le ciel bleu, c’est aussi l’ombre, cette fumée bleue comme un double serein de nous-mêmes. Double attaché à la racine du pied, à la verticalité, l’ombre jamais ne quitte, elle est cette facette projetée dans l’espace, occulte, ignorée de la conscience. Elle est la manifestation sensible de l’étrangeté et si elle ne fait pas corps, elle en dérive. L’ombre recueille l’essence subtile des êtres, elle invoque un imaginaire fugitif, chose changeante presque irréelle, elle est cette légère apparence qui reporte à l’insaisissable et met l’être à l’abri, en cette zone sombre où elle cache le réel et le charme. L’ombre est la nuit qui se pose sur les choses du réel, elle transforme l’être-debout en être-couché et dépose sur la terre toute la dimension du sacré à la perpendiculaire de l’humain. Là, elle trouve son origine dans le cercle, espace vide creusé dans l’être qui contient et permet la petite différance que suppose l’altération. Cette petite différance est le point, la contracture du cercle, son essence. Liqueur, le point est l’élément infinitésimal qui émerge de la pure potentialité de l’être, la pierre de fondement sur le fil du vide. Le cercle est une exagération du point, sans commencement. L’ombre est un retrait de l’être, son non lieu, c’est pourquoi la silhouette est un seuil, une frontière, un passage à l’autre monde où le double de l’ombre est la mort, l’ombre suscite parfois l’effroi. C’est pourquoi aussi l’ombre est la valeur positive de l’être, elle en contient toute la couleur en latence, masse compacte et claire et donne son épaisseur à l’étendue lisse et plane de la pénombre bleue. Du point la ligne et le plan, du point aussi le volume et la surface. Le volume de l’ombre est virtuel, nul, il existe encore sur plan dans la surface. Tout dans l’ombre se fait d’effacement, les traits et les arêtes disparaissent, le réel se dématérialise au contour et à la pâle lumière. L’ombre est un fond pour l’être, sur elle vient s’abstraire l’autoportrait laiteux du non être. Comme la nuit est une ombre immense posée sur une part de la terre, l’ombre est un monochrome d’être, une quête d’absolu portée à même la vie. Être imminent, l’ombre a une odeur de cendre, elle est une fleur de charbon hésitante, presque noire sombrée de blanche et jaune que le temps a fané, elle semble une photo vieillie de l’être dissolu dans la lumière. Selon le corps, l’ombre est un ne ens mais selon la chair, elle est un prae ens, une avant scène de l’être. La lumière assombrit les êtres, elle est un corps opaque pour elle-même, sa propre rencontre l’altère, la neutralise, l’anéantit en tant qu’identité. Cette non reconnaissance essentielle de la lumière face à elle-même montre l’identité improbable fondue dans la masse obscure de l’ombre : l’ombre est une manière de penser un monde sans identité.

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