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Articles

Affichage des articles du mars, 2016

Métadanse

Extrait des Cahiers de l'incarnat : La danse est une conception, et le danseur, une construction. L’espace du danser est cet espace où ce que l’’humain est en capacité de penser du monde devient le monde lui-même, à travers une parole portée par son corps. La danse est une méta-pensée du corps, une pensée incarnée sur la pensée même du corps. La construction du danseur tient en cela, se construire soi-même comme espace propre à incarner la pensée du corps, ses affects, ses émotions, ses réflexions, et bien sûr, si Nikolais avait raison de dire qu’il ne faut pas l’être soi-même mais l’incarner, comme un rôle de théâtre dansé, il faut cependant y croire et le devenir suffisamment pour que cela fasse sens pour autrui, et qu’on y reconnaisse le sens donné au mouvement. Il y a les danses qui ne dansent pas, celles qui dansent, ou se dansent, mais il y a aussi les danses qui dansent la danse, comme une réflexion de la danse sur elle-même, et c’est là que la danse entre de plein ...

A paraître II

Parfois troublée d'un autre . Le livre de la lenteur , bientôt publié aux éditions de l’œuf sauvage, c'est Claude Roffat qui en parle le mieux dans sa préface du livre: Parfois troublée d’un autre . Et souvent troublée de soi, aurais-je envie d’écrire, tant ce qui apparaît, tout au long de ces pages, est le questionnement, le doute, la continuelle recherche de son rapport au monde. Qui suis-je ? , se  demande Anne-Laure Guichard, éludant à peine l’idée de n’être rien, évoquant le vide absolu dans lequel elle doit vivre. La solitude, le silence fondent le décor d’une vie à peine dévoilée. Pourtant, de ce champ de ruines, de ce no man’s land où Anne-Laure se désespère, attend sans cesse qu’il se passe enfin quelque chose, va naître une œuvre singulière, dérangeante, qui en sera à la fois le témoin et l’objet. Écrire pour dire le rien, le non-avenu tient de la gageure. C’est pourtant ce qui est donné à lire ici, par une double écriture : une écriture instinctive, sauvage, u...

Soulages, détail de peinture

On pourrait presque dire extraits du dialogue que Soulages tient avec le noir. L’absorption de toute lumière se fait matière, et cette matière est un corps dense, pesant, comme ce que le corps devient lorsqu’il fait du taiji, cette lourdeur de la matière qui enracine le corps dans la terre est paradoxalement ce qui en fait jaillir la lumière, le plus étrange, c’est qu’à la lumière même naturelle le noir devient gris, argenté. L’amas de noi r déracine le noir, Soulages parle de noir lumière, la lumière de l’obscur, de ce qui s’absorbe en soi, et s’engloutit dans le regard de l’autre, comme si Soulages voulait que son dialogue avec le secret soit le nôtre, à nous qui le regardons simplement parler du noir comme d’une porte vers l’inconnu, l’insu, l’impensé. Et le travail de la matière et la manière même dont nous la percevons est, devient un dialogue corps à corps entre soi et sa propre matière.