Ce soir pour moi la voix est celle d’un violoncelle, et c’est au son de cordes pincées que j’évoque la voix, cette énigme de chaque jour qui, au cœur même de la banalité, sait faire vaciller un corps et frémir un esprit. Rien n’est plus usuel que la voix, et rien n’est plus énigmatique, et d’autant plus que nous savons chacun comme elle fonctionne, physiologiquement, sans que cela enlève à son mystère. La voix forme bien plus qu’un simple outil de communication, elle forme la personnalité même de qui elle est le signe, l’empreinte vocale est tout autant originale et unique que l’empreinte digitale, la beauté de son immatérialité en sus, elle serait comme l’empreinte de l’esprit en ce monde. Son unicité et sa singularité disant plus, de soi, qu’on ne souhaiterait, et souvent nous trahissent, sont un appel et un rappel du poétique à même le corps. La voix est créatrice non seulement d’une identité, mais aussi d’un esprit, l’esprit de soi, et selon la formule de Montesquieu, ...
Le philosophor Jardins de poésie et de philosophie.